Comme dirait l’autre, « après avoir fait le tour du monde, tout ce qu’on veut c’est être à la maison… »

Cette ritournelle me chantonne gentiment dans la tête quand je m’apprête à plonger mes spatules dans le couloir de La Girose, début classique et ô combien spectaculaire du tout aussi classique tout du Râteau! Les virages s’enchaînent comme dans un rêve, et ce n’est pas le sourire béa de mon compagnon de pente une fois en bas sur le Glacier de La Selle qui va me contredire.

Et oui, encore une fois preuve est faîte que le jardin des Ecrins que l’on arpente sans cesse demeure cette faille spatio-temporelle unique qui d’un coup de peaux de phoque vous immerge dans le sauvage!

On remonte à la Brêche du Râteau, et rebelote: neige fraîche tombée sans vent, solitude et absence de traces… Encore des virages et le vallon des Etançons nous ouvre les portes du Paradis: soleil éclatant, montagnes à perte de vue, aucune trace.

La remontée à la Brêche de La Meije se fait dans un silence de cathédrale: la chaleur peut-être, ou bien l’envie de jouir du spectacle en se faufilant parmi les murailles…

L’arrivée au col est toujours un moment intense, avec cette coupure radicale qui d’un coup vous plonge dans l’austérité du versant nord, des glaciers et de l’ombre. Alors on regarde une dernière fois derrière soi le fil ténu de cette trace lumineuse qui disparaîtra vite, et on s’élance avec respect permis la glace et la roche.

Un coup au soleil, un coup à l’ombre, terres accueillantes et versant froid, encore une fois le voyage dura bien plus qu’une journée…

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About the Author : Jérome CHANCRIN


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