Comme toujours le Mont-Blanc n’a de cesse d’attiser les passions et de faire se déplacer les foules. Pour bien des raisons qui sont propres à chacun, de l’aspirant summiter à l’alpiniste chevronné, ce sommet se voit foulé sans interruption de mars à octobre.

On peut alors légitiment se poser la question du sens: pourquoi, encore et toujours, l’attraction demeure, et amateurs et guides continuent ils de se hisser là haut?

 

 

L’appât du gain, le prestige du presque 5000, l’ego, le manque d’imagination? L’aventure authentique est elle encore possible? le voyage peut-il être différent de l’image d’épinal?

Et bien, accompagné de Régis et de son fils j’ai pris mes crampons pour faire le tour de la question, et par là même le tour de cette fameuse montagne.

 


 

Départ de Chamonix le matin en navette pour rejoindre le Val Veny et ses airs d’Himalaya, magnifique montée le long du glacier du Miage pour rejoindre le refuge Gonella. Déjà l’ambiance est au rendez vous et la démesure des lieux, loin des foules et au plus près des hauts sommets, nous plonge dans une ambiance mêlée d’humilité et d’émerveillement.

Le lendemain, nous laissons partir l’ensemble des alpinistes à minuit pour décoller à une heure plus dessente. Et pourquoi donc les amis? la réponse s’appelle l’éloge du temps et de la contemplation. Alors que la majorité devront atteindre le sommet au plus tôt pour se ruer dans la descente encombrée du Gouter et espérée rejoindre le train du Nid D’aigle, nous prenons notre temps pour déguster un sommet à contre temps, loin du stress et des horaires qui font suer.

Arrivés au sommet en fin de matinée, pas seul mais presque, nous côtoyons nos frères d’hypoxie le temps de rejoindre le plateau du Goûter et de là nous nous engageons dans la spectaculaire descente des grands et petits plateaux pour rejoindre le refuge des Grands Mulets.

 

Plus de trace, une ambiance glaciaire à couper le souffle, solitude. La décision de s’engager loin d’une trace sécurisante et l’unique prix à payer pour vivre pleinement la montagne. Et les séracs me direz-vous?

Petit aparté: tous les jours des dizaines d’alpinistes empruntent la voie des 3 monts , s’entassent dans le couloir de Gouter, piétinent en choeur sur l’arête des bosses. Le risque objectif est une variable que nous ajustons selon notre expérience et notre ressenti. Le mien est qu’il me semble plus raisonnable de s’exposer une minute sous un sérac que d’être soumis aux agissements plus ou moins contrôlés des mes semblables.

L’arrivée au refuge est comme toujours un grand moment d’émotion, et le reste de la journée est consacré au repos et aux souvenirs ramenés là haut. L’accueil est comme toujours exceptionnel, et le retour le lendemain par la traversée de la jonction et le chemin du gîte à Balmat nous offrira le plaisir rare de mettre nos pas dans ceux de l’histoire.

 

Réponse à la question du départ: oui mille fois oui!!

Merci à Régis et son fils, summiter bachelier, d’avoir joué le jeu de l’aventure et de l’incertitude qui l’accompagne.

 

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About the Author : Jérome CHANCRIN


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