Ah la Maurienne! Son autoroute, ses camions, son tunnel hors de prix, son rocher légendaire, j’en passe et des meilleurs… Les clichés ont la peau dure et s’accrochent à cette magnifique vallée comme un aussoyen à son verre un soir de 15 aout! Levez la tête amis skieurs et vous verrez vite des montagnes massives, des glaciers qui ressemblent encore à quelque chose, et une nature préservée et sauvage.
Et comme un guide en vacances a autant d’imagination qu’un auteur francophone contemporain, et ben au moment de faire son sac il choisit de prendre les skis, mais cette fois accompagné de sa petite femme et des copains/ines. Vous l’aurez compris, l’affaire est autant sentimentale que sportive, mais on ne se refait pas, encore moins le poil grisonnant…
Alors direction le refuge de la Leisse via Termignon. Si tu connais l’endroit ou que tu sais lire une carte, tu te diras qu’il faut avoir une certaine passion pour le plat et les ampoules pour partir de là et non de Tignes (au choix 20 kms et 1000 m de dénivelé ou une descente depuis la Grande Motte), mais si tu as lu attentivement le début de ce modeste texte tu sais que ma compagne est Mauriennaise, pour qui la Tarentaise est une terre hostile peuplée d’hommes en rouge alcooliques et pervers et de pylônes disgracieux!
L’étape est aussi longue que spectaculaire et nous fait entrer progressivement dans cette temporalité bien particulière du raid à ski, où le temps se dilate avec les kilomètres. L’accueil au refuge nous fait bien vite oublier l’heure de trop passée sur les skis, et là débute une autre réalité du raid à ski : cet étrange phénomène qui crée une faille dans les verres des skieurs et les poussent, jusqu’à ce que le sommeil les délivre, à boire plus que de raison des breuvages différemment alcoolisés! C’est la ronde des bières (« chouette, celle là je la connais pas! »), la danse du vin, le concert du génépi (« un ptit goût de réglisse j’te dis! »).
Réhydraté comme tout champion qui se respecte, l’équipe s’endort sous les étoiles et le chant de la trompette (non, je ne lâcherai pas les noms!).
Au réveil le temps est superbe, le fameux bleu mauriennais qui n’a rien à envier à mister Klein, et l’on attaque la montée vers la Sana en passant par la pointe Charbonnier. Une montée finalement plus alpine que prévue qui se clôture par une arête de neige des plus esthétiques: assurément un des tubes de l’hiver!
La descente se fait sur une moquette millésimée années 70 à poils longs, et on plonge sur le refuge de la Femma, son accueil trois étoiles et son repas gargantuesque!
Belote rebelote et dix de der, bière, vin et génépi! Allez hop, au lit la fine équipe!
Le lendemain s’annonce plutôt maussade, mais l’on se motive pour une sortie vers l’aiguille de Mean Martin. Au réveil ambiance Transpotting et bad trip pour un des membres du groupe ( toujours ce devoir de retenue) qui nous fait une montée d’acide sous Stylnox! ça passe avec l’air frais mais le pas est, comment dire, désordonné… On profite quand même d’une belle descente en neige froide, puis le reste de la journée est essentiellement consacré à l’autre activité favorite du randonneur: la sieste!
L’éclaircie semble poindre en fin de journée alors les plus téméraires (ou les plus stupides) tentent une nouvelle sortie pour profiter de la neige fraîchement tombée. Une sortie vite avortée sous les bourrasques, et qui se termine en exercice ARVA sous la direction autoritaire mais efficace de Lisa.
Il est temps de rentrer à la maison par une « petite étape tranquille ». Cette fameuse journée que nous avons tous vécu: dénivelé modeste, courte distance, arrivée matinale. Et qui bien sur se transforme en étape digne d’un semi marathon avec montées et descentes qui font vite monter la moyenne, et un retour à la voiture pour l’heure de l’apéro! Mais comme toujours depuis le début de cette petite aventure le paysage est grandiose et le temps au beau fixe, et tout le monde est bien heureux de profiter plus longtemps que prévu de ce massif surprenant.
La bande se sépare autour de la bière bien méritée, d’autres projets plein la tête! Merci à tous pour ces moments vécus là haut!
Merci Jérôme de m’avoir fait vivre ce premier Raid à Ski, cette aventure unique entre amis n’aurai pas été possible sans toi. On retrouve la poésie de tes textes dans la courbure de tes traces, jamais trop raide jamais trop engagé on se sent bien dans ton sillon. Je découvre ma vallée natale avec des yeux d’enfant je n’ai pas eu l’occasion de fouler ces montagnes a l’époque, et j’ai bien l’intention de me rattraper.
Je retiendrai la tranquillité et la beauté de la nature, que l’on ne peux percevoir qu’en étant immergé au milieux des sommets blanc.
merci pour ce beau message l’ami! c’était un plaisir partagé et qui ne demande qu’à être renouvelé, pourquoi pas du côté de Téhéran 😉