Ah la joie des raids à ski, ou l’art de se dérouter toujours pour mieux rebondir là où le vent et la neige nous portent… Et quand le but initial est de traverser le sauvage massif des Ecrins on peut dire que les facultés d’adaptation sont mises à l’épreuve pour le skieur passe-muraille: l’agneau de la fable qui tente de louvoyer entre les plaques carnassières de ce début de printemps fourbissime.
Mais la petite bête laineuse à plus d’un tour ( de ski ) dans son sac et quand il faut modifier le cap direction le refuge du glacier Blanc, ses gardiens au top et leur petit Léon fraîchement débarqué! Allez, c’est parti pour un tour de cette fameuse montagne des Agneaux, avec au programme une visite au col de la Pyramide en apéro, puis l’ascension du sommet nord par le glacier en S ( tranquillité assurée…) et retour sur le village du Casset via le Glacier du même nom et son couloir Davin!
Programme alléchant, le loup s’en lèche les babines…
Passons sur une première journée sans encombre et une descente tropicale mais étonnamment bonne du col de la Pyramide pour rentrer dans le vif du sujet. La montée matinale est grandiose, mais déjà la montagne montre ses crocs avec quelques cassures conséquentes qui vous rappelle que la nivologie est une science complexe! Le couloir et l’arête qui le poursuit sont tout simplement grandioses et l’arrivée au sommet toujours autant prenante: les Ecrins s’offrent à nous et la quiétude des lieux est magique.
Mais attention petit homme, la bête n’est pas loin et un petit hululement canin fait tressaillir ton ventre: on sort la corde pour » déminer » la pente sous le vent, puis s’enchaînent de magnifiques virages suspendus au dessus du vide avant de plonger sur le Glacier. On évite de fermer les virages : ça coule vite sous les planches!
virages cartes postales sur le glacier; direction le Davin et son couloir ravagé par les coulées mais seul échappatoire possible au vu des coulées qui ont dénudées les dalles finales du Casset et la remontée à la brèche du Réou d’Arsine qui n’attend que le petit animal pour dévaler en bas…
La sanction du couloir est atténuée par le plaisir de retrouver une neige revenue dans le vallon et le pic-nic au soleil sous les mélèzes, le chant de la rivière nous ramène doucement au pays des hommes.
Au loin on croit entendre le cri sourd d’un animal déçu: encore loupé…
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