Si la ligne droite est le plus court chemin entre deux points, pour prendre la mesure d’un lieu on peut préférer les détours, l’errance plus que l’efficacité. Et quand il s’agit de prendre son temps on peut dire que le massif des Ecrins est une valeur sûre: sauvagerie des lieux, refuge propice à la contemplation ( et à l’apéro), tranquillité assurée dans les itinéraires!
La traversée de la Barre des Ecrins est une belle course millésimée « Oisans »! Le premier jour est consacrée à une montée au refuge de Temple Ecrins tardive pour échapper à la canicule. Une chaleur quelque peu excessive mais qui nous offre le privilège rare en ces lieux d’un repas sur la terrasse du refuge, avec coucher de soleil et plats tous plus bons les uns que les autres. Le lendemain le réveil pique un peu: lever à 2h!
On quitte le refuge et son accueil fabuleux pour s’engager à la lueur des frontales dans le sauvage vallon qui nous mène à l’attaque de le facette sud de la Barre. Premiers pas d’escalade sur un rocher verglacé, le réveil musculaire terminé, reste à démarrer celui du cerveau, curieusement plus lent…
La cordée prend ses marques, les longueurs s’enchaînent et ne sont jamais monotones. On évolue sur un terrain mixte typique: rocher, couloir de neige, petite goulotte pour prendre pieds sur la pente finale qui nous mène sous la Barre.
Les lignes de fuite sont prenantes et l’ambiance d’une grande face est bien là! La sortie au sommet est comme toujours un beau moment de satisfaction et de contemplation, accentué par le plaisir d’être parvenu au sommet le pus fréquenté du coin sans avoir croisé personne!
La descente par l’itinéraire demande encore de l’attention, et la traversée sous les séracs du plateau supérieur donne l’impression désagréable d’être la souris sous la tapette…
Au pied de la face on se dirige tranquillement vers le refuge des Ecrins pour un des vrais bonheurs de l’alpinisme: la bière sur la terrasse face à la montagne cochée sur le carnet!
le programme de l’après midi demande abnégation et sens du sacrifice: re bière, sieste, re re bière et re sieste, le tout dans l’ordre qui vous sied le mieux.
Le lendemain la journée consistera à descendre le col des Ecrins et cette toujours longue moraine de Bonne Pierre pour retrouver le village de la Bérarde. On profite de chaque instant, le rythme syncopé de la marche du retour laisse flotter les souvenirs, et en passant sous la face du Dôme on se prend à rêver d’autres projets!
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